Slack, l'outil de communication préféré des travailleurs de la technologie serait en train de perdre du terrain au profit de son plus grand concurrent, Microsoft Teams, qui lui serait en train de croitre en popularité. Selon le site Web d’information générale Vox, Slack vit en ce moment le même problème que Snapchat, qui a souffert de l'appropriation acharnée de son rival Facebook.
Dans le cadre de son enquête, ETR demande aux directeurs des systèmes informatiques et autres décideurs informatiques d'entreprise de haut niveau des plus grandes organisations du monde où ils prévoient dépenser le budget technique de leur entreprise. Les organisations interrogées figurent dans Forbes Global 2000, la liste des 225 plus grandes entreprises privées établie par Forbes et le gouvernement américain.
Selon le rapport, sur l’ensemble des répondants qui ont déjà répondu aux questions d’ETR, 28 % sont favorables pour investir dans la plateforme Slack au cours du deuxième semestre 2019. Ce qui représente une baisse de 45 % d’une année sur l’autre et une baisse de 26 % par rapport aux trois derniers mois. Tandis qu’à l'inverse, Microsoft Teams affiche un score net de 67 %, représentant une hausse de 8 % par rapport au deuxième semestre 2018 et gardant un niveau essentiellement identique par rapport à la fin du mois d’avril.
L'intention des dépenses par l'ensemble des répondants
La tendance à la baisse de la part de marché de Slack observée chez l’ensemble des répondants ne s’améliore pas avec les employés des grandes entreprises publiques et privées auditionnés dans le cadre de l’enquête, alors que les intentions de dépenses dans la plateforme Teams de Microsoft sont encore plus élevées sur une base absolue. Selon le rapport, le score net prévisionnel de Slack pour le second semestre 2019 du sondage d’ETR parmi ces entreprises s'établit actuellement à 26 %, ce qui représente une baisse de 53 % par rapport au second semestre 2018 et une baisse de 41 % par rapport aux trois derniers mois seulement. A l'inverse, Microsoft Teams affiche un score net de 71 % sur 2H19 pour ces mêmes organisations publiques et privées, soit essentiellement le même score qu'il y a trois mois et une croissance de 20 % d’un an sur l’autre.
L'intention des dépenses par les répondants des grandes entreprises
Selon le rapport, la part de marché de Slack parmi les plus grandes entreprises acheteurs de TI du monde est généralement stable (33 %), les taux d'adoption sont en baisse, et une plus grande partie de ces entreprises indiquent qu'elles prévoient de quitter le service. Tandis que 59 % des plus grandes organisations ont indiqué qu'elles utilisent actuellement ou prévoient d'adopter Microsoft Teams au cours du second semestre 2019. Cela représente la part de marché la plus élevée dans le secteur, selon le rapport.
Ce ralentissement de l’adoption de Slack, en plus de pouvoir provoquer un potentiel bouleversement l'action publique de la plateforme, soulève une question d’actualité plus vaste d'innovation dans l'industrie de la technologie, qui est de plus en plus réservée par un nombre d'acteurs de plus en plus restreint.
Les raisons de la domination de Microsoft Teams sur la plateforme Slack
La domination des géants du numérique sur les marchés de technologie au détriment des petites ou nouvelles entreprises n’est plus une nouvelle préoccupation. Certains acteurs, dont les politiciens, s’en inquiètent depuis longtemps à l’image de la sénatrice démocrate Elizabeth Warren qui a déclaré en mars dernier qu’il est grand temps de s'attaquer à la domination croissante des plus grandes entreprises technologiques des États-Unis qui ne permettent pas aux petites et aux nouvelles entreprises de s’épanouir sur un marché déjà conditionné par leur influence.
En effet, selon le site Web Vox, les politiciens reprochent à ces entreprises d’avoir créé ce que l'on appelle des « zones d'extermination », où elles acquièrent ou tuent tous leurs concurrents. En fin de compte, les meilleures idées et les meilleurs produits sont concentrés au sein des grandes entreprises technologiques existantes, ce qui renforce leur domination et risque d'étouffer l'innovation future.
L’une des raisons de la domination que rapporte Vox est que la plateforme Teams du géant américain Microsoft, lancée environ quatre ans après les débuts de Slack, a adopté de nombreuses fonctionnalités de ses concurrents, y compris le principe de base de la création d'un espace de bureau en ligne pour permettre aux collègues de travail de collaborer et communiquer. Par ailleurs, Microsoft avait même bien avant envisagé d'acheter Slack, qui est également spécialisée dans la communication collaborative en entreprise et qui, selon Vox, se négocie actuellement en dessous de son cours d'ouverture au lancement.
C’est la même situation de domination après une tentative d’achat que Facebook a sur Snapchat, selon un rapport de Vox publié en octobre 2018. Selon le site Web, après son échec dans sa tentative d’achat de l’application gratuite de partage de photos et de vidéos, le géant des réseaux sociaux a copié impunément les fonctionnalités de l’application. La protection des droits d'auteur sur ce que fait un logiciel étant quasi impossible, seul le code lui-même peut être protégé. Et étant donné que des produits comme Slack et Microsoft Teams ou Facebook et Snapchat, construits sur des plateformes différentes, ont leur code probablement distinct, le code de chacune est probablement distinct, de sorte que reproduire les mêmes fonctionnalités reste un jeu équitable.
Ce n’est pas la première fois que le géant Microsoft arrive sur un marché en retard pour déstabiliser ses concurrents déjà présents. L’entreprise a lancé en 2015 Microsoft Power BI pour pour concurrencer Tableau, une société d'analyse et de visualisation de données qui était devenue populaire dans le secteur quelques années auparavant. Mais la solution pour l'analyse des données moins chère de Microsoft, bien qu’elle n’était pas aussi bonne, d’après certaines personnes, a gagné une bonne part de marché et a contribué à faire chuter le cours de l'action de Tableau, a rapporté Vox.
Les bases d’utilisateurs des plus grandes entreprises et leur capacité de facturer moins cher leur permettent également de battre la concurrence et parfois de les éjecter du marché.
Une autre raison pour laquelle la préférence des travailleurs se porte davantage vers Microsoft Teams est que les nombreuses entreprises qui ont déjà Office 365 – qui comprend des éléments de base comme Word, Excel et OneDrive, en plus Teams – obtiennent en principe le logiciel de communication du lieu de travail gratuitement, selon le site Web d’information. Thomas DelVecchio, fondateur et directeur général d'Aptiviti, société mère d'ETR, a déclaré à ce propos :
« Les grandes entreprises ont passé les trois dernières années sur Azure [services cloud] et sur Office 365 ». « Elles iront avec Teams à moins qu'il n'y ait une différence dramatique entre le prix et la performance », a-t-il ajouté.
Un porte-parole de Microsoft a aussi réagi au rapport en écrivant : « Les clients considèrent Teams comme une bonne affaire parce qu'il fait partie d'Office 365, avec une intégration profonde aux autres applications et services Office ».
Selon le rapport d’enquête d’ETR, bien que le consensus parmi les répondants à l’enquête était que l’application de Microsoft n'était pas aussi bonne que Slack, le coût ainsi que l'intégration avec Office 365 ont eu tendance à être les principales raisons invoquées par ces derniers pour justifier l’adoption croissante de Teams au détriment de Slack. Ceux qui ont répondu en faveur de Teams ont tout de même ajouté que l’application de Microsoft était devenue bien meilleure qu'elle l’était avant et qu’elle était devenue une alternative acceptable.
Voici ci-dessous un aperçu de la façon dont ces facteurs ont contribué à modifier l'utilisation des équipes et de Slack par les grandes entreprises :
Mais malgré cette concurrence déséquilibrée entre Slack et son rival, la jeune plateforme peut continuer à faire son chemin à l’image de Snap et Tableau qui s’en sortent bien jusqu'à présent malgré la pression concurrentielle de Facebook et de Microsoft. Même si l’enquête d’ETR n’est pas encore terminée et que les résultats pourraient être encore pires pour la plateforme Slack, elle pourrait se concentrer sur la conquête de plus de petites entreprises en tant que clients et peut-être s'appuyer sur sa popularité auprès des premiers adhérents et des créateurs de tendances.
Source : ETR, Vox
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