Microsoft a dévoilé sa plateforme PowerApps lors de la première journée de Convergence 2015 EMEA, un événement de Microsoft dédié à l’innovation et à la transformation numérique des entreprises. PowerApps est une plateforme qui permet de mettre sur pied et partager des applications qui peuvent se connecter aux bases de données existantes et services de cloud computing de l’entreprise, ce, sans avoir à écrire du code. Au travers de PowerApps, Microsoft vise la création d’un cadre dans lequel la création d’applications ne sera pas l’apanage des développeurs et professionnels de l’IT. De façon plus précise, PowerApps permet de construire des applications web et mobiles natives basées sur les données et les systèmes de l’entreprise en s’appuyant sur une interface graphique. Les applications créées seront immédiatement accessibles à partir des PC, tablettes et smartphones, sur les systèmes Windows, iOS et Android. D’après de récents retours des responsables de l’entreprise, PowerApps devrait être une importante source de revenus pour Microsoft dans les années à venir : 10 milliards de dollars sont attendus dans les caisses de l’entreprise grâce à la plateforme.
En début d’année, Google a fait l’annonce de l’acquisition d’AppSheet qui rejoint donc l’équipe Google Cloud. AppSheet fournit une plateforme de développement no code qui permet de créer des applications mobiles et web en s’appuyant sur des sources de données telles que Google Drive, DropBox, Office 365, etc. L’achat d’AppSheet par Google vise à maintenir un ancrage dans une filière aux énormes enjeux si l’on se base sur les statistiques de Microsoft. Avec son achat par Google, les responsables d’AppSheet disent ne pas avoir dévié de leur mission centrale : « Démocratiser le développement d’applications pour permettre au plus grand nombre de mettre sur pied des applications et de les distribuer sans avoir à écrire une ligne de code. »
Chez Amazon, on fait encore plus dans le secret en ce qui concerne le lancement futur d’une plateforme no code basée sur AWS. L’entreprise aurait néanmoins lancé une cinquantaine d’ingénieurs sur un projet au nom évocateur quant à l’objectif de démocratisation de la filière programmation : AWS For Everyone. L’information a filtré d’une présentation d’un ingénieur d’AWS.
La filière attire aussi des acteurs moins connus comme Unqork qui propose une plateforme no code cloud agnostique. Le portail en ligne qui permet à la cité de New York de cartographier le virus, d’identifier les points chauds et de connecter les habitants aux services essentiels a été construit à partir de celle-ci. D’après ce que rapporte la CNBC, il n’a fallu que 72 heures à la cité de New York pour faire passer son application en production.
Les détails de l’utilité sont résumés sur la page de présentation :
« Le portail COVID-19 de la ville de New York a été développé comme un outil pour aider à aiguiller la réponse de la ville à la pandémie qui a cours. Il permet aux habitants de New York de communiquer eux-mêmes les informations relatives à COVID-19, ce qui aide la ville de New York à mieux échanger avec les personnes touchées et à identifier les zones qui pourraient nécessiter une intervention renforcée.
Les habitants de New York peuvent saisir rapidement et de façon confidentielle des informations sur leur statut COVID-19 ou celui des membres de leur famille, y compris le statut de quarantaine et la date d'apparition de tout symptôme lié à la COVID-19. Ils peuvent également partager leurs coordonnées afin de recevoir des mises à jour importantes de la ville concernant COVID-19.
Toutes les informations personnelles sont conservées en toute sécurité. Les informations qui sont soumises au portail d'engagement communautaire COVID-19 de la ville de New York ne seront utilisées que dans le but de protéger la santé du public et de fournir les services et les communications nécessaires de la ville aux résidents de la ville qui ont ou ont des raisons de croire qu'ils peuvent être atteints de COVID-19. Les informations personnelles ne seront pas stockées au-delà de la résolution de la pandémie COVID-19 et elles ne seront pas accessibles par l'agence américaine de contrôle des frontières ni utilisées à des fins d'application de la loi.
Le portail d'engagement COVID-19 de la ville de New York, disponible sur nyc.gov/cv19engagementport a été construit selon les normes d'accessibilité et est disponible en 11 langues : arabe, bengali, chinois, anglais, français, créole haïtien, coréen, polonais, russe, espagnol et ourdou. Les personnes qui n'ont pas accès à Internet ou qui ont besoin d'aide peuvent appeler le 311 pour saisir ou mettre à jour leurs informations. »
Gary Hoberman, CEO de l’entreprise éditrice, généralise quelque peu quant à ce qui est des capacités de la plateforme en déclarant que « tout ce qu’il est possible à un programmeur Java d’accomplir, notre plateforme no code peut le faire 200x plus vite. »
La mise sur pied d’une application avec la plateforme Unqork s’apparente quelque peu à ce qui se fait avec des environnements RAD comme Visual Basic : on glisse et on dépose des composants sur un espace de travail et la magie du no code fait le reste. La plateforme cloud cible en premier les besoins des entreprises du secteur de la finance dont son fondateur est issu. Elle compte John Hancock, Goldman Sachs et Liberty Mutual comme clients dans cette filière. Toutefois, elle ambitionne de s’étendre à d’autres secteurs caractérisés par une évolution lente : services gouvernementaux, immobilier, structures du domaine de la santé.
Les plateformes no code : un danger pour les travailleurs de la filière développement informatique ?
Les développements en cours ciblent en particulier la filière de la programmation web et mobile. Avec un peu de temps pour rentrer dans l’interface de la plateforme no code et une vision claire de l’objectif, des tiers qui ne possèdent pas les aptitudes des développeurs traditionnels peuvent atteindre un premier objectif : tester une hypothèse. D’itération en itération, l’un des intérêts de l’approche qui consiste à adopter les plateformes no code est de se débarrasser des coûts liés au salariat d’un développeur traditionnel. Ici, c’est plutôt le Citizen Developer (le travailleur proche d’un métier particulier qui écrit des applications pour résoudre des problèmes de cette sphère) qui est à la manœuvre. C’est l’évolution des métiers qui a tendance à imposer cette mouvance. La direction des systèmes d’information au sein des entreprises va migrer de plus en plus d’entité qui fournissait le service à une autre qui joue le rôle de conseil auprès des métiers afin que ces derniers automatisent eux-mêmes leurs tâches.
Après, le degré d’automatisation interpelle quant à la question de savoir si l’adoption des plateformes no code implique de se passer totalement des développeurs traditionnels. Generative Object, un acteur français de la filière se veut clair à propos de sa solution pour les entreprises : « Si nécessaire, un développeur peut mettre en œuvre des fonctionnalités personnalisées qui peuvent être nécessaires pour votre application et qui ne sont pas réalisables sur la plateforme GO. Il peut s'agir d'une connexion à une application et à des données existantes, de la mise en œuvre de règles commerciales spécifiques complexes, etc. »
Sources : YouTube, AppSheet, Unqork covid-19, PowerApps, GO
Et vous ?
Avez-vous déjà fait usage de l’une de ces plateformes low/no code ? Quel bénéfice en avez-vous retiré ? Quelles sont les tares que vous avez relevées ?
Peut-on vraiment créer des applications sans coder ? Si oui, pour quels types de projets ? Quelles sont les limites de l’approche ?
Ce type de plateforme constitue-t-il un potentiel danger pour les emplois de développeur ?
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