Les grandes entreprises s'appuient encore sur de vieux langages de programmation pour faire fonctionner leurs ordinateurs centraux. Retraite oblige, les développeurs en charge de la mise sur pied de systèmes informatiques à partir de ces derniers se font de plus en plus rares. Les nouvelles recrues plus axées sur tout ce qui tourne autour du cloud sont réticentes à reprendre les anciennes compétences. Résultat : de vieux langages de programmation comme le Cobol se retrouvent parmi les plus demandés (et les mieux payés) par les grandes entreprises.
Les grandes entreprises sont confrontées à une pénurie urgente de compétences, car les développeurs plus âgés emportent leur expertise avec eux dans leur retraite. C’est ce qui ressort d’un récent sondage (portant sur des entreprises en Europe et aux États-Unis) selon lequel près de 9 grandes entreprises sur 10 (89 %) s'inquiètent de la pénurie de personnel informatique ayant les compétences nécessaires pour maintenir et gérer leurs ordinateurs centraux. Ces systèmes s’appuient sur de vieux langages de programmation comme le Cobol ou l’assembleur. Dans les chiffres, 75 % des entreprises participantes au sondage pointent le langage Cobol comme le plus important dans leur parc d’ordinateurs centraux. L’assembleur suit de près avec 66 %.
Ce sondage fait suite à la parution de l’édition 2020 de la traditionnelle étude Emploi développeur sur développez.com qui liste les langages les plus demandés et les mieux payés. Le Cobol pointe à la dixième place des langages les plus populaires dans la liste des offres d’emploi sur la plateforme. De plus, il fait partie de ceux classés « correctement payés » tant à Paris qu’en province.
À plus de 60 ans, le langage de programmation Cobol est encore utilisé dans de nombreuses organisations. La conséquence est que celles-ci souffrent d'un manque de programmeurs. Elles doivent également fournir de grands efforts de reprogrammation, même pour les plus petits changements, comme c'est le cas dans certains États américains avec leurs systèmes informatiques de chômage.
Avec la crise sanitaire de la COVID-19, les États-Unis ont mis en place un plan de relance pour soutenir les personnes ayant perdu leur emploi durant la pandémie. Ce plan nécessitait pour chaque État d'implémenter des changements dans leurs systèmes informatiques de chômage. Plus un État prenait du temps, plus les personnes qui ont été mises au chômage à cause du coronavirus devront attendre avant de bénéficier de l'aide du gouvernement.
Certains États ont eu des difficultés particulières à implémenter les changements requis simplement à cause du langage dans lequel leurs systèmes sont écrits : Cobol. En dehors l'Iowa qui avait suffisamment de développeurs Cobol, les autres États ont été confrontés à des difficultés importantes. Lorsqu'ils ont eu besoin de programmeurs pour mettre à jour leur « vieux code Cobol que personne n'a touché en 20 ans », cela est devenu un problème. « Ils ont réalisé que tous leurs programmeurs Cobol avaient pris leur retraite ou étaient décédés », a déclaré Dennis Brylow, professeur d'informatique à l'Université Marquette. Dans le même temps, de nombreuses universités n'enseignent plus le langage Cobol de manière approfondie, voire pas du tout, ce qui se traduit par très peu de nouveaux programmeurs Cobol.
Et même quand il y a les hommes qu'il faut, les problèmes avec Cobol ne sont pas encore terminés. Certains États ont essayé de moderniser leurs systèmes et se sont heurtés à des obstacles. Il s'agissait précisément de coûts de développement et de retards particulièrement élevés. Comme l'explique Brylow, le passage complet d'un système Cobol à un autre langage de programmation est loin d'être une solution parfaite. « Quand vous voyez quelque chose qui n'a besoin que de quelques ajustements et que c'est un gros système qu'ils ont passé des années à construire, c'est une dépense énorme et c'est en fait assez dangereux d'essayer de le réimplémenter totalement dans un nouveau langage de programmation », a-t-il déclaré.
S'il est vieux et dit dépassé, Cobol est étonnamment encore présent, notamment dans le secteur des banques et services financiers où il serait d'ailleurs le plus utilisé. Quelle en est la raison ?
Source : Advanced (fichier joint)
Et vous ?
Ces statistiques collent-elles avec la réalité dont vous êtes au fait ?
Pourquoi Cobol est-il encore populaire aujourd'hui dans le secteur des finances ?
Qu'est-ce qui empêche les entreprises de ce secteur de passer à des technologies plus modernes ?
Voir aussi :
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Jean E. Sammet, une informaticienne qui a participé au développement de COBOL, est morte à l'âge de 89 ans
Ces vieux langages de programmation sont toujours indispensables aux grandes entreprises, mais personne ne veut les apprendre :
Le Cobol fait partie des plus demandés et des mieux payés en France
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Le , par Patrick Ruiz
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