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Souveraineté technologique : est-ce possible pour l'Europe ? L'Europe désire son propre résolveur DNS,
DNS4EU offrira un service européen alternatif pour accéder à l'Internet mondial

Le , par Bruno

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Après le sujet sur son propre superordinateur, l’Europe ne souhaiterait pas trop dépendre de l’étranger pour l’accès à Internet et plus particulièrement pour la navigation sur le web. En effet, l'Agence européenne pour la santé et le numérique (HaDEA) a lancer le 12 janvier un appel à projet de 14 millions d'euros en vue du déploiement de DNS4EU, une « infrastructure de service de résolution DNS sécurisée et respectueuse de la vie privée ».

Le Domain Name System (DNS), qu'on peut traduire en « système de noms de domaine », est le service informatique distribué utilisé pour traduire les noms de domaine Internet ou autres enregistrements en adresse IP. En effet, chaque fois que l’utilisateur se connecte à un site web en utilisant son nom de domaine tel que « developpez.com », l’ordinateur doit connaître l'adresse IP de DVP (une série unique de chiffres). Ce dernier contacte donc un résolveur DNS et obtient l'adresse IP actuelle de developpez.com.

En général, le résolveur fait partie d'un système DNS décentralisé plus vaste. Lorsqu’une demande est envoyée au résolveur DNS, celui-ci accède à d'autres serveurs du DNS pour obtenir l'adresse, puis envoie la réponse à l’internaute. Le résolveur DNS contacté par l’ordinateur est généralement choisi par le Fournisseur d’accès Internet (FAI).

La Commission européenne voudrait donc avoir une solution DNS souveraine qui ne dépend pas d’un tiers étranger. « Les personnes et les organisations de l’UE dépendent de plus en plus de quelques résolveurs DNS publics exploités par des entités non européennes », déclare Bruxelles.

Souveraineté technologique pour l’Europe

Alliance européenne pour les données et le cloud

Alors que le projet GAIA-X, un projet de développement d'une infrastructure de données efficace, compétitive, sécurisée et fiable « rampe », la Commission européenne, a annoncé en fin d’année dernière l’Alliance européenne pour les données industrielles et le cloud. L’association a un double objectif de renforcer la position de l'industrie européenne sur les technologies du cloud, de la périphérie, et de répondre aux besoins des entreprises et des administrations publiques de l'UE qui traitent des catégories de données sensibles. Les membres travailleront ensemble pour favoriser le développement et le déploiement de la prochaine génération de capacités cloud pour les secteurs public et privé.

L'alliance est ouverte aux entreprises, aux représentants des pays de l'UE et aux experts concernés. Elle est facilitée par la direction générale des réseaux de communication, du contenu et de la technologie de la Commission européenne. L'Alliance s'appuie sur la stratégie européenne en matière de données du 19 février 2020. Sa création a été entérinée par les conclusions du Conseil européen des 1er et 2 octobre 2020 et par la déclaration sur le cloud européen signée par tous les États membres le 15 octobre 2020.

L'Alliance contribuera à façonner la prochaine génération de services et d'infrastructures et de cloud sécurisé, à faible émission de carbone et interopérables pour l'Europe, comme le prévoit la stratégie européenne en matière de données. Elle contribuera également aux objectifs de la boussole numérique de l'UE pour 2030. Pour soutenir ces ambitions, le financement de l'UE pour le cloud et la périphérie sera mis à disposition dans le cadre de programmes tels que le programme pour l'Europe numérique, le dispositif « Connecter l'Europe », le Fonds européen de défense et le dispositif de redressement et de résilience acheminé par les États membres.

Production des semi-conducteurs

Afin de stimuler l'informatique dématérialisée et l'informatique quantique en Europe, l'Union européenne prévoit de produire ses propres semi-conducteurs avancés d'ici 2030, selon un document de projet non encore officiel. Les plans du bloc dans ce secteur visent également à réduire les « dépendances à haut risque » vis-à-vis des entreprises technologiques aux États-Unis et en Asie. Cet effort n’est pas isolé. Nous avons appris en décembre dernier que l'Allemagne, la France, l'Espagne et dix autres pays de l'Union européenne ont uni leurs forces pour investir dans les processeurs et les technologies des semi-conducteurs, essentiels aux dispositifs connectés à Internet et au traitement des données.

Les responsables de l’Union veulent maintenant s'assurer qu'au moins 20 % des semi-conducteurs de pointe du monde en termes de valeur soient produits en Europe d'ici la fin de la décennie, selon le document. Le papier, qui pourrait encore être modifié, devrait être présenté la semaine prochaine par la Commission européenne, l'organe exécutif du bloc.

Dans une précédente déclaration commune, 18 États membres de l’Union se sont engagés à travailler ensemble afin d’investir jusqu’à 145 milliards d'euros sur 2 à 3 ans dans les domaines de la conception et de la fabrication des processeurs de nouvelle génération et des technologies de semi-conducteurs à faible consommation énergétique. Cet effort prend en compte la fabrication des puces et les systèmes embarqués qui offrent les meilleures performances pour des applications spécifiques dans un large éventail de secteurs, ainsi que des technologies de pointe évoluant progressivement vers des processus de gravure en 2 nm pour les processeurs.

Un superordinateur propre à l’Europe

L’Union européenne a publié le 17 décembre de l’année dernière un appel à manifestation d'intérêt pour la sélection d'une entité d'accueil pour un superordinateur haut de gamme. L’UE indique que cet achat « soutiendra le développement et l'adoption de systèmes de supercalculateurs innovants et compétitifs, orientés vers la demande et dirigés par les utilisateurs, sur la base d'une chaîne d'approvisionnement qui garantira des composants, des technologies et des connaissances limitant le risque de perturbations et le développement d'un large éventail d'applications optimisées pour ces systèmes ».

L'entreprise commune européenne pour le calcul à haute performance (EC EuroHPC) a été créée par un règlement de l’UE du Conseil du 13 juillet 2021 et est entrée en vigueur le 8 août 2021. Selon l'article 3 du règlement, l'EC EuroHPC a pour mission de développer, de déployer, d'étendre et de maintenir dans l'Union un écosystème fédéré, sécurisé et hyperconnecté de supercalculateurs, d'informatique quantique. Elle a également pour mission de soutenir le développement et l'adoption de systèmes de supercalculateurs innovants et compétitifs pour la science et la technologie européennes.

Conformément à cet article 11, du règlement, la contribution de l'Union provenant du programme Digital Europe devrait couvrir jusqu'à 50 % des coûts d'acquisition et jusqu'à 50 % des coûts d'exploitation de ces superordinateurs. L'EC EuroHPC sera le propriétaire des superordinateurs qu'elle aura acquis. La proposition pour DNS4EU doit répondre aux exigences suivantes au niveau des utilisateurs et des services :

  • Base de clients : soutenir le déploiement d'une infrastructure de service de résolveur DNS européen récursif desservant les utilisateurs Internet basés dans l'UE qui ont besoin d'un DNS respectueux de la vie privée et sécurisé ;
  • Disponibilité et niveau de service : fournir une large couverture géographique dans l'UE, et assurer une fiabilité et une disponibilité élevées, ainsi qu'une faible latence de la résolution DNS, notamment grâce à une large empreinte distribuée (points de présence) et à la redondance ;
  • Accessibilité : assurer une large accessibilité depuis les équipements des utilisateurs, tels que les routeurs domestiques, ainsi que depuis les logiciels des utilisateurs, tels que les principaux systèmes d'exploitation et navigateurs ;
  • Normes Internet : l'infrastructure du service doit être conforme aux dernières normes de sécurité et de protection de la vie privée (par exemple HTTPS, DNSSEC), y compris le chiffrement DNS (par exemple DNS over TLS (DoT) et DoH) et être entièrement compatible avec IPv6 ;
  • Traitement des données : le traitement des données est établi par une politique et des règles transparentes et publiées, en pleine conformité avec les règles de l'UE. Les données et méta-données de résolution DNS seront traitées dans l'UE. Il n'y aura pas de monétisation des données personnelles ;
  • Services résidentiels : offrir aux utilisateurs finaux de l'internet résidentiel des services de filtrage de contrôle parental strictement opt-in et totalement transparents. D'autres services éventuels de filtrage d'URL pourraient également être proposés de manière strictement opt-in et totalement transparente ;
  • Meilleures pratiques : nonobstant les autres exigences du présent appel ou de la loi applicable, l'infrastructure du service doit être conçue conformément aux meilleures pratiques et lignes directrices de l'industrie pour la fourniture d'une résolution DNS sécurisée et préservant la vie privée.

DNS4EU doit être facile à configurer par des non-experts grâce à des guides d'utilisation clairs et à d'autres supports disponibles, y compris en format audiovisuel, via un site web dédié sous une URL clairement identifiée. Le site web contiendra toutes les informations techniques, juridiques et relatives à la transparence (par exemple, la protection de la vie privée, l'utilisation technique des données) du service.

Source : Commission européenne

Et vous ?

Que pensez-vous de cette initiative de la Commission européenne ?

Pensez-vous que l'Europe a les moyens de déployer une technologie souveraine ?

Voir aussi :

La Commission européenne annonce l'Alliance européenne pour les données et le cloud, elle contribuera à façonner la prochaine génération de services, d'infrastructures et de cloud sécurisé

L'Europe veut désormais son propre superordinateur surpuissant, avec une couverture de 50 % des coûts d'acquisition et 50 % des coûts d'exploitation

L'UE se fixe pour objectif 2030 de produire des semi-conducteurs de pointe, tandis que le Sénat US envisage un financement de 30 milliards $ pour stimuler le secteur de la fabrication de puces

L'UE va lancer un "Cloud industriel" de 10 milliards d'euros pour rivaliser avec les États-Unis, et dynamiser le secteur du Cloud Computing

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Avatar de marc.collin
Membre émérite https://www.developpez.com
Le 17/01/2022 à 14:55
pour les serveurs dns... c'est exactement ce que la russie à fait.... et certain criait au scandale

cet initiative de l'europe me semble arriver un peu trop tard, a moins que les gouvernement pousse les entreprises privé à utiliser ces proposition pour faire affaire avec eux...
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Avatar de nazoreen
Membre averti https://www.developpez.com
Le 17/01/2022 à 11:27
"12. Lawful filtering: Filtering of URLs leading to illegal content based on legal requirements applicable in the EU or in national jurisdictions (e.g. based on court orders), in full compliance with EU rules."

Encore une bonne idée qui va faire un flop...
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Avatar de defZero
Membre extrêmement actif https://www.developpez.com
Le 17/01/2022 à 23:24
Pensez-vous que l'Europe a les moyens de déployer une technologie souveraine ?

Les moyens on les a, le problème serait plutôt du cote des compétences et des envies .
Déjà si l'Europe pouvait ce décider sur une langue commune qui ne soit pas l'anglais, de préférence une langue de l'UE (cf. esperanto ou autre), et qui soit obligatoire pour les traductions des docs techniques et des normes, ça serait pas mal niveau souveraineté.
Je veux pas enfoncer une porte ouverte, mais un gamin des US/UK/AU/CA voulant apprendre à coder il doit juste lire de la doc dans sa langue natal, alors que tous les autres, en plus de la charge mentale de devoir comprendre une langue étrangère devra comprendre la doc.
Si la Chine/Russie ont autant de "main d'œuvre" qualifié, c'est aussi parce que tout ce qui rentre chez eux doit être traduit en natif.
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Avatar de patrick72
Membre habitué https://www.developpez.com
Le 17/01/2022 à 15:08
QWANT 2 le retour ?

...lui aussi va ce contenter de retourner les résultats d'un autre serveur ?!

Bon, en tous cas, il va encore en avoir quelques un qui vont s'en mettre plein les poche !
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Avatar de der§en
Membre éprouvé https://www.developpez.com
Le 17/01/2022 à 10:01
« mieux vaux tard que jamais »…
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Avatar de
https://www.developpez.com
Le 17/01/2022 à 11:18
c'est joli sur le papier, mais tous les projets du genre n'arrivent pas à terme ou, quand ça arrive, n'intéressent personne.
déjà parce que ça arrive trop tard (et que le temps que ce soit terminé, c'est obsolète), et ensuite parce que l'UE est tellement désunie que ce genre de projet a forcément beaucoup de bâtons dans les roues d'office avec les différents points de vies et intérêts politiques.
sur ce projet spécifiquement, qui décidera de (dé)référencer quoi, comment et quand ? sous l'autorité de qui sera installée cette entité de controle ?
pour ce qui est du cloud souverain, par exemple, si un pays majeur de l'UE décide en cours de route que la vie privée prime, et qu'un autre décide que l'information des services de renseignement prime, le projet est foutu et l'argent perdu.
et c'est valable pour une multitude de macro et micro détails, pour tous les projets.
tant que l'UE ne s'unira pas plus autour de valeurs communes (et ça ne risque pas d'arriver de si tôt), les projets communs sont voués à l'inachèvement, ou à l'échec.
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