Créé en 1997 à Bezons, en France, Atos est considéré comme stratégique par le gouvernement français pour ses actifs de haute technologie tels que la fabrication de superordinateurs et de logiciels utilisés par l'armée et le ministère des Finances pour gérer la collecte des impôts. L'ancien Premier ministre français Édouard Philippe siège à son conseil d'administration. Le départ de Belmer a été annoncé une heure avant une journée de marché qui, les investisseurs l'espéraient, pourrait rétablir la confiance après une série de revers qui ont fait disparaître les deux tiers de la valeur boursière d'Atos au cours de l'année écoulée.
Le départ de Belmer, qui a pris ses fonctions en janvier, fait également suite à des semaines de rapports faisant état de divisions au sein du conseil d'administration concernant la restructuration de la société. Selon des sources proches de l'affaire, Belmer et le conseil d'administration se sont opposés sur le sort de l'unité de cybersécurité BDS, car il souhaitait vendre l'activité alors que le conseil d'administration voulait la conserver. Belmer voulait vendre l'activité pour dégager des bénéfices et utiliser cet argent pour donner une nouvelle dynamique à l'entreprise. Dans les échanges matinaux à la Bourse de Paris, l'action Atos a plongé de 27 %.
Rodolphe Belmer
Il s'agit de la plus forte chute jamais enregistrée, après la présentation du plan de développement de l'entreprise proposé le par le conseil d'administration qui est sorti vainqueur de la bataille. Le virage stratégique proposé par le conseil d'administration d'Atos consiste à scinder les activités numériques, de Big Data et de sécurité en une nouvelle entité cotée séparément appelée Evidian, également cotée à la Bourse de Paris. Ces unités ont réalisé un chiffre d'affaires de 5,12 milliards de dollars (4,9 milliards d'euros) en 2021 et sont les parties en croissance d'Atos. Elle serait dirigée par Philippe Oliva et emploierait 59 000 personnes.
Tech Foundation Co (TFCo) est l'autre moitié d'Atos, composée de Data Centre and Hosting, Digital Workplace, Unified Comms, et Business Process Outsourcing. Avec une baisse de 12 % de son chiffre d'affaires en 2021 pour atteindre 5,65 milliards de dollars (5,4 milliards d'euros), ce secteur continuera d'être dirigé par Nourdine Bihmane qui sera chargé de rétablir la croissance, la rentabilité et la trésorerie d'ici 2026. L'effectif est de 48 000 personnes dans le monde. Selon Atos, TFCo mettra en œuvre un plan de redressement ambitieux qui permettrait à terme de repositionner l'entreprise sur la croissance, la rentabilité et la génération de trésorerie.
Ce plan, d'un coût total de 1,15 milliard de dollars (1,1 milliard d'euros) sur la période 2022-2026, s'articule autour de trois étapes clés, notamment :
- recentrer : rationaliser le portefeuille d'activités pour ouvrir la voie à la transformation, en sortant des activités non stratégiques et en redressant ou en sortant des comptes à marge négative ;
- récupérer : réinitialiser la structure des coûts en s'attaquant aux problèmes structurels, de la pyramide des âges, en réduisant les dépenses des tiers et en consolidant les centres de données et les installations pour réaliser des économies ;
- rebondir : stabiliser le chiffre d'affaires et ensuite pivoter vers la croissance, grâce au développement d'offres de nouvelle génération et aux investissements dans les capacités de vente.
Atos s'attend à générer 5 milliards d'euros de revenus de TFCo cette année et prévoit que ces revenus tomberont à 4,3 milliards de dollars (4,1 milliards d'euros) d'ici la fin de 2024 avant de se stabiliser et de croître de 5 pour cent plus en 2026. Le conseil a ajouté que la "séparation envisagée conduit à une réorganisation du groupe Atos se traduisant par une réduction significative du périmètre des fonctions et une redéfinition de la mission du directeur général d'Atos". En outre, Atos envisage également de ses offres de services de cloud computing. Des rivaux plus importants, comme IBM, ont suivi le même chemin.
Big Blue s'est finalement débarrassé de sa division Technology Services l'année dernière, et en 2017, Enterprise Services de HPE et CSC ont fusionné pour créer DXC Technologies dans l'espoir que de plus grandes économies d'échelle aideraient, mais selon plusieurs rapports, les revenus ont tout simplement chuté aussi vite. Atos lui-même a essayé d'acheter DXC l'année dernière, mais a échoué. L'année 2021 n'a pas été une bonne année pour Atos. Par exemple, elle a été marquée par la découverte d'erreurs comptables dans deux de ses unités américaines, Atos IT Solutions and Services et Atos IT Outsourcing Services LLC.
Elle a également été marquée par deux avertissements sur résultats et par une série de résultats financiers mémorables pour toutes les mauvaises raisons. Le chiffre d'affaires est passé de 11,7 milliards de dollars (11,181 milliards d'euros) à 11,3 milliards de dollars (10,839 milliards d'euros) et la perte nette d'Atos s'est élevée à 3,1 milliards de dollars (2,962 milliards d'euros), contre un bénéfice de 575 millions de dollars (550 millions d'euros). Toutefois, Atos a finalisé aujourd'hui la vente de la totalité de sa participation de 70 millions dans Worldline pour 230 millions de dollars (220 millions d'euros).
Belmer, l'ancien patron de la société de satellites Eutelsat, quittera Atos le 30 septembre. La faiblesse de ses actions a fait d'Atos un sujet de rumeurs de rachat. Un responsable du ministère des Finances a déclaré que le gouvernement suivait de près l'évolution de la situation et a fait remarquer que les actifs stratégiques étaient protégés des rachats hostiles par un décret sur le filtrage des investissements étrangers. À la question de savoir s'il bénéficierait de l'indemnité de départ de deux ans approuvée par les actionnaires en cas de départ brutal du PDG dans les deux ans, Belmer a répondu qu'il avait proposé de partir avec 9 mois de salaire.
Source : Atos
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