Cet échec met en évidence des faiblesses importantes dans la gestion de projet et les compétences techniques. Bien qu'Oracle Fusion Cloud soit vanté comme une solution moderne pour optimiser les processus d'affaires, l'exemple de Birmingham montre que l'implémentation de technologies avancées nécessite bien plus que l'adoption de logiciels sophistiqués. Ce déploiement souligne les défis que rencontrent les organisations publiques et privées lorsqu'elles entreprennent des projets ERP complexes.
Les applications Oracle Fusion Cloud sont une suite modulaire d'applications d'entreprise destinées à optimiser l'ensemble des processus d'affaires d'une organisation. Construites sur une infrastructure cloud de nouvelle génération, elles visent à automatiser et à améliorer les opérations dans des domaines clés comme la finance, la gestion des ressources humaines, l'approvisionnement, et plus encore. Avec des modules intégrés, Oracle Fusion permet aux entreprises d’adopter une solution plus agile et plus performante pour anticiper les évolutions futures tout en facilitant la prise de décision rapide grâce à des données en temps réel. En outre, la plateforme repose sur des normes ouvertes, permettant une personnalisation et une intégration relativement simples aux autres systèmes.
L'un des principaux atouts d'Oracle Fusion est sa capacité à se déployer dans divers secteurs, qu'il s'agisse de la finance, des services publics ou du secteur privé. Elle permet une gestion centralisée des données et une interconnexion fluide entre différents services d'une entreprise. De plus, Oracle mise sur l'intégration de meilleures pratiques recueillies auprès de ses clients pour optimiser les processus d'affaires. Cependant, la mise en œuvre de cette solution dans de grandes organisations, telles que celle du conseil municipal de Birmingham, a montré que ces avantages théoriques peuvent se heurter à des obstacles majeurs en termes de gestion et de compétences.
SAP, le principal concurrent d'Oracle, propose également une solution ERP qui centralise la gestion des processus d'entreprise. Grâce à une plateforme robuste et largement adoptée, SAP offre une vue unifiée des données de l'entreprise, ce qui permet une gestion plus fluide et cohérente des processus tels que les finances, la production, les ressources humaines et les ventes. L'un des principaux avantages de SAP est sa stabilité éprouvée et sa capacité à s'adapter aux besoins spécifiques de grandes entreprises internationales, avec des fonctionnalités extrêmement détaillées pour chaque secteur d'activité.
SAP se distingue par sa flexibilité dans l’intégration avec des systèmes existants et son utilisation par de nombreuses entreprises de taille mondiale. Bien que son coût et sa complexité de mise en œuvre soient souvent jugés plus élevés, de nombreuses entreprises choisissent SAP en raison de sa maturité et de sa capacité à évoluer au fil des années avec une fiabilité éprouvée. Contrairement à Oracle Fusion, qui est plus récent et tend à se concentrer sur une approche plus moderne basée sur le cloud, SAP continue de proposer des solutions hybrides qui permettent de garder un certain contrôle sur l'infrastructure interne tout en bénéficiant des avantages du cloud.
La mauvaise gestion du déploiement à Birmingham
En comparant Oracle Fusion et SAP, il apparaît que les deux systèmes ERP partagent un objectif similaire, à savoir centraliser et optimiser les processus d'affaires d'une organisation. Toutefois, Oracle Fusion se distingue par sa priorité donnée au cloud, offrant ainsi une solution plus moderne et flexible qui permet aux entreprises de bénéficier d'une évolutivité accrue et d'une gestion des données en temps réel. En revanche, SAP, bien que plus ancré dans des solutions hybrides, bénéficie d'une plus grande maturité et de fonctionnalités plus détaillées, notamment pour les entreprises avec des besoins complexes ou des infrastructures IT déjà bien établies.
Toutefois, la différence majeure réside dans l'approche de mise en œuvre. Oracle Fusion repose sur des standards ouverts et une interface unifiée qui facilite la personnalisation, mais cette flexibilité peut également créer des défis pour les organisations qui manquent de ressources internes et d'expertise technique. SAP, avec sa structure plus rigide mais éprouvée, est souvent perçu comme une solution plus stable et moins susceptible de rencontrer des problèmes lors de son déploiement. En fin de compte, le choix entre Oracle Fusion et SAP dépendra de l'infrastructure existante, des besoins spécifiques de l'entreprise et de sa capacité à gérer le processus de mise en œuvre.
Le déploiement d'Oracle Fusion à Birmingham a été un exemple frappant de mauvaise gestion de projet. L'un des principaux écueils a été l'absence de préparation adéquate et de planification dans le choix et la mise en œuvre de la solution ERP. Bien que l'adoption d'un système ERP moderne soit une initiative louable, le conseil municipal n’a pas su anticiper les défis liés à la transition, notamment en matière de compétences internes et de gestion de la complexité. De plus, l'incapacité de stabiliser le système après 18 mois d'implémentation révèle un manque flagrant de suivi et de gouvernance. Le coût du projet, qui a explosé de manière significative, montre qu'une absence de contrôle rigoureux des dépenses et une gestion inefficace des ressources humaines ont largement contribué à l’échec du projet.
Le manque de compétence technique au sein du conseil municipal a également été un facteur clé dans ce fiasco. L'absence d'expertise dans l’utilisation des technologies Oracle a entraîné une mauvaise personnalisation et une mise en œuvre incomplète du système. Au lieu de s'appuyer sur des spécialistes ou d'engager des consultants expérimentés, la municipalité a opté pour une approche qui n’a pas permis de surmonter les obstacles techniques et organisationnels. En conséquence, les processus de gestion ont été gravement perturbés, rendant le système inutilisable et menaçant la stabilité financière du conseil.
Le rapport d'enquête commandé par le gouvernement britannique pour analyser le déploiement d'Oracle Fusion à Birmingham soulève des interrogations sur l’efficacité de l’approche adoptée. Si le rapport pointe à juste titre un manque de gouvernance et de leadership, il semble sous-estimer l’ampleur des erreurs de gestion qui ont conduit à l’échec du projet. La critique du manque de compétences internes est pertinente, mais le rapport ne va pas assez loin dans l'analyse des responsabilités des acteurs clés qui ont pris des décisions cruciales sans disposer des qualifications nécessaires. Il aurait été utile de nommer les responsables de cette mauvaise gestion au lieu de se limiter à une analyse superficielle des défaillances organisationnelles.
De plus, bien que le rapport évoque un redressement possible, il semble trop optimiste quant à la capacité de la municipalité à récupérer un contrôle total d'ici 2026. Un tel délai suggère une confiance excessive dans la réimplémentation du système sans prendre en compte la réalité des défis techniques et structurels qui se poseront encore. Le rapport ne propose pas non plus de solutions concrètes pour garantir que ce genre d’échec ne se reproduira pas à l’avenir, ce qui laisse place à des doutes sur la pertinence et la rigueur des recommandations. En fin de compte, le rapport semble se contenter de dresser un état des lieux sans apporter de véritables pistes de réforme pour améliorer la gestion des projets futurs.
Source : Report published by the UK council's Corporate Finance Overview and Scrutiny Committee
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