En effet, selon le News York Times, dans son premier rapport sur les bénéfices depuis son entrée en bourse en juin, Slack a affiché une perte plus importante qu'il y a un an et une augmentation de 58 % de ses revenus à mesure que ses dépenses augmentaient, en partie en raison des coûts liés à son entrée en bourse. La société prévoyait également dans son rapport que ses pertes pour le trimestre en cours seraient supérieures aux attentes de Wall Street. Ce qui a fait chuter ses actions de plus de 15 % en dehors des heures de négociation.
Le rapport de son deuxième trimestre montre que Slack a enregistré une perte de 364 millions de dollars, soit plus de dix fois la perte de 32 millions de dollars enregistrée au cours de la même période l’année dernière. Cette somme comprenait 307 millions de dollars en rémunération des actions et en taxes liées à l'inscription directe de la société en bourse. Concernant les revenus de l’entreprise, ils sont passés de 92 millions de dollars il y a un an à 145 millions de dollars. Selon le rapport trimestriel, le nombre de clients payants Slack est passé à plus de 100 000, soit une augmentation de 37 % d’un an sur l’autre.
Mais la compagnie a dit qu'elle s'attendait à une perte de 8 centimes à 9 centimes par action pour le trimestre en cours, ce qui était supérieur aux attentes des analystes qui s'attendaient à une perte de 7 centimes par action.
Toutefois, Stewart Butterfield, PDG de Slack, a déclaré dans une interview qu'il faudrait du temps pour que le marché comprenne son entreprise puisqu'elle avait créé une nouvelle catégorie de logiciels, contrairement aux sodas ou aux voitures, a rapporté le News York Times. Voici ce qu’il a déclaré à ce propos lors de l’interview :
« Tout le monde comprend ce que sont ces choses et pourquoi ils en ont besoin », avant d’ajouter que « les gens développeront une compréhension plus mûre » de Slack. Toutefois, le problème de Slack pourrait être plus sérieux.
Stewart Butterfield, cofondateur et PDG de Slack
Slack est en train de perdre ses parts de marché au profit de Microsoft, selon une étude
Selon le rapport d’un sondage réalisé par la société d'études de marché ETR et publié en juin dernier, l'outil de communication préféré des travailleurs de la technologie serait en train de perdre du terrain au profit de son plus grand concurrent, Microsoft Teams, qui lui serait en train de croitre en popularité. Dans le cadre de son enquête, ETR a demandé aux directeurs des systèmes informatiques et autres décideurs informatiques d'entreprise de haut niveau des plus grandes organisations du monde où ils prévoient dépenser le budget technique de leur entreprise.
Selon le rapport, sur l’ensemble des répondants aux questions d’ETR, 28 % étaient favorables pour investir dans la plateforme Slack au cours du deuxième semestre 2019. Ce qui représente une baisse de 45 % d’une année sur l’autre et une baisse de 26 % par rapport aux trois derniers mois. Tandis qu’à l'inverse, Microsoft Teams affiche un score net de 67 %, représentant une hausse de 8 % par rapport au deuxième semestre 2018 et gardant un niveau essentiellement identique par rapport à la fin du mois d’avril.
En considérant seulement les répondants des grandes entreprises publiques et privées, le score net prévisionnel de Slack pour le second semestre 2019 s'établissait à 26 %, ce qui représente une baisse de 53 % par rapport au second semestre 2018 et une baisse de 41 % par rapport aux trois derniers mois seulement. À l'inverse, Microsoft Teams affichait un score net de 71 % sur pour le second semestre 2019 pour ces mêmes grandes organisations publiques et privées, soit essentiellement le même score qu'il y a trois mois et une croissance de 20 % d’un an sur l’autre.
Selon Vox, média américain en ligne, l’une des raisons pour laquelle la préférence des travailleurs se porte davantage vers Microsoft Teams est que les nombreuses entreprises qui ont déjà Office 365 – qui comprend des éléments de base comme Word, Excel et OneDrive, en plus Teams – obtiennent en principe le logiciel de communication du lieu de travail gratuitement, selon le site Web d’information. Une autre raison évoquée par Vox pour que la plateforme du géant Microsoft, qui a déjà envisagé d'acheter Slack, attire plus de clients est que Teams a adopté de nombreuses fonctionnalités de ses concurrents lors de sa création.
D’autres startups en difficulté après leur introduction en bourse
Selon le rapport du News York Times publié mercredi dernier, les mauvais résultats du deuxième trimestriel de Slack ont fait suite à des mois de scepticisme à l'égard des activités de Slack. En effet, depuis que la société a été introduite en bourse par voie de cotation directe, ses actions n'ont pas cessé de chuter. Selon The Times, l’entreprise, désormais publique, est confrontée à une concurrence féroce de la part de concurrents plus importants et mieux financés, dont Microsoft.
Pour rappel, lors de sa première journée de négociation en bourse, les actions de l'entreprise ont ouvert à 38,50 dollars à la Bourse de New York, en hausse par rapport au prix de référence de 26 dollars qui avait été fixé. L'action a continué d'augmenter avant de clôturer à 38,62 dollars. Ce qui a donné à Slack une valeur de 19,5 milliards de dollars soit près du triple de sa valeur de 7,1 milliards de dollars en tant que société privée, a rapporté le News York Times le 20 juin dernier.
Cependant, Slack n’est pas la seule startup jadis très prometteuse à avoir des difficultés à se démarquer après son inscription en bourse. Uber et Lyft sont également devenues publiques cette année et ne sont pas à leur meilleur niveau depuis leur lancement. En effet, d’après The Times, le mois dernier, Uber a enregistré sa perte trimestrielle la plus importante de son histoire, soit 5,2 milliards de dollars, et son taux de croissance le plus faible jamais enregistré.
Mais cela n'a pas découragé l’engouement médiatique autour de l’introduction en bourse des startups liées à la technologie. Selon The Times, WeWork, une start-up immobilière non rentable, et Peloton, une société de fitness qui perd également de l'argent, sont parmi celles qui se préparent à introduire leurs actions en bourse dans les prochains mois.
Selon Rohit Kulkarni, analyste senior chez MKM Partners, les investisseurs étaient toujours avides de jeunes entreprises à croissance rapide, même si la combinaison du ralentissement de la croissance des revenus et de l'explosion des coûts a effrayé certaines personnes. M. Kulkarni a dit : « En tant qu'entreprise privée, vous pouvez vous développer à tout prix. En tant que société publique, vous devez croitre à des coûts raisonnables ».
Mais Slack continue de nourrir de l’espoir d’un avenir prometteur. Allen Shim, directeur financier de l’entreprise, a déclaré que Slack progressait vers la rentabilité, mais qu'il se concentrait sur l'investissement dans la croissance.
M. Butterfield a déclaré : « Ce moteur de croissance est quelque chose que vous verrez porter ses fruits au cours des trimestres à venir ». Espérons que le marché s’accoutume très rapidement à la nouvelle catégorie de logiciels de Slack pour que la société soit de retour pour le bonheur des collaborateurs en entreprise.
Sources : The News York Times
Et vous ?
Qu’en pensez-vous ?
Le PDG de Slack a dit qu'il faudrait du temps pour que le marché comprenne son entreprise puisqu'elle avait créé une nouvelle catégorie de logiciels. Qu’en pensez-vous ?
Pensez-vous comme Stewart Butterfield que le meilleur est à venir pour Slack au cours des prochains trimestres ?
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